Éditorial

À l’instar de l’église et de l’État, l’armée s’est dotée d’édifices et d’ouvrages, aujourd’hui reconnus comme appartenant au patrimoine commun de la Nation mais victimes, en dépit de leur apparence, d’une fragilité sans égale. L’église se reconstruit sur elle-même, offrant de nouveaux signes de sa présence temporelle et spirituelle. Le palais se déplace au gré du prince, multipliant les demeures du pouvoir mais les conservant toutes.

Régulièrement dépassées par les progrès de l’armement, les constructions militaires sont, elles, vouées d’emblée à l’obsolescence ou condamnées à la disparition par un trait de plume apposé au bas d’un traité, d’une ordonnance de démantèlement ou d’une loi de programmation. Aujourd’hui, la professionnalisation de l’armée rend désuètes de nombreuses installations en milieu urbain venant s’ajouter à la multitude des ouvrages édifiés à nos frontières, déjà désaffectés de fait. Quel devenir attend ces sites ? Entre l’abandon pur et simple et l’aliénation, il existe un éventail de solutions qu’il incombe à la Mission pour la réalisation des actifs immobiliers du ministère de la Défense de promouvoir, avec le concours des architectes des bâtiments de France, présents dans les villes comme aux confins de notre territoire.

Ce réseau d’experts, patiemment constitué au cours des cinquante années passées, est aujourd’hui reconnu en France comme au plan international, pour sa capacité à promouvoir les identités locales dans leur appartenance à un territoire déterminé.

L’administration, chargée de l’architecture et du patrimoine, a en main cet atout mais tarde à le mettre en jeu.

Bruno STAHLY
Rédacteur en chef

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